À l’approche de l’hiver, difficile pour les personnes sans abris de se réchauffer. Photo Elise Bellot

Le froid s’installe dans les rues de Tours (Indre-et-Loire) en ce début du mois de novembre. Les sans-abris sont nombreux à peupler les rues, à la recherche de solutions pour se loger, se nourrir et se réchauffer. Des solutions sont mises en place mais manquent parfois d’efficacité.

Il est 18 heures quand nous nous apprêtons à rencontrer les bénévoles de la Croix-Rouge. Dans leur local situé dans le quartier des Prébendes, à Tours (Indre-et-Loire), Vincent et Marc, deux bénévoles, préparent la maraude du soir, un circuit que réalise la Croix-Rouge dans la ville, à la rencontre de personnes sans domicile fixe. L’association les accompagne dans leurs démarches  : hébergement, aide alimentaire, récupération de droits, et les réoriente vers des structures adaptées à leur situation. “Autour d’un repas, d’une boisson chaude on discute pour faire émerger la demande”, confie Vincent. 

De novembre à mars, des maraudes supplémentaires sont organisées. Le dimanche s’ajoute au mardi, au jeudi soir et au samedi après-midi.  À l’approche de l’hiver, nous avons des stocks de couvertures, nous faisons aussi des collectes de duvets, de sacs de couchage et de tentes”, précise le bénévole. En octobre, la Croix-Rouge de Tours a récolté 500 € et a pu acquérir douze sacs de couchages et quelques tentes. Une autre collecte est prévue pour fin novembre. Les jours de maraude, la Croix-Rouge aide entre 50 et 70 bénéficiaires.

SOLIDARITÉ DES RIVERAINS

“Jeff” et Abdelkader, dit “Dédère”, bénéficient toutes les semaines de l’aide des associations pour se nourrir et s’habiller. Ils peuvent compter aussi sur la solidarité des riverains et des commerçants de la rue Colbert, dans le centre de Tours, qui leur apportent des repas et lavent leurs affaires. Des vols sont malheureusement constatés… “Dédère” s’est fait dérober ses papiers il y a plusieurs mois et peine à s’en procurer de nouveaux.

« Dédère » est le doyen de la rue Colbert. Photo Elise Bellot

Pour l’hébergement, plusieurs solutions sont possibles mais elles ne sont pas toujours évidentes à atteindre. À Tours, les associations Entraide et Solidarités et Émergence s’occupent d’accompagner les personnes sans domicile fixe dans leur recherche de logement et leurs démarches administratives.

Toinon Jiret envisage de devenir éducateur spécialisé. En stage chez Entraide et Solidarités, il explique le processus de prise en charge des personnes à la rue : “La personne dans le besoin doit faire une demande sur le site internet du Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation pour monter un dossier. Ce dernier peut être fait par le biais d’un travailleur social (éducateur, assistante sociale…) La priorité est donnée aux dossiers les plus urgents comme les personnes en situations de handicap.”

DES SOLUTIONS, MAIS DES CONTRAINTES

Une fois le dossier accepté, la personne peut rester de trois à six mois au sein du CHRS, le Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, qui dispose d’une vingtaine de places. Ce contrat est renouvelable jusqu’à temps que le bénéficiaire ait trouvé un emploi ou un logement. Il existe aussi la solution de l’hébergement d’urgence.

“Tout passe par le 115, un numéro d’appel d’urgence, les personnes appellent pour être guidées vers des structures adaptées. A la résidence d’Entraide et Solidarités, il existe une solution d’urgence à la semaine : les individus peuvent rester sept jours à partir du lundi ou peuvent être hébergés sous contrat pendant un mois. Il est possible d’y rester nuit et jour, contrairement aux haltes de nuit qui ne sont ouvertes que de 18 heures à 8 heures. La plupart des personnes à la rue que nous avons rencontrées ne font pas appel à ce type de dispositif d’hébergement. Pour elles, les règles qui y sont imposées sont trop strictes.

Marvin, 40 ans, est à la rue depuis plus de deux ans. Il se bat avec les administrations pour retrouver un logement pour lui et son chien, Jaquar.

Marvin est à la rue avec son chien Jaquar depuis plusieurs années. Photo Léo Josselin

« Il n'y a aucun foyer qui accorde les personnes avec leurs chiens »

par Marvin

Pour les femmes, qui sont peu nombreuses, les sanitaires sont une source d’insécurité puisqu’ils sont utilisés principalement par des hommes, souvent irrespectueux. Il leur est aussi difficile de se procurer des produits de soin et d’hygiène.

Clément Hebral, attaché de presse à la mairie de Tours, précise qu’à l’approche de l’hiver, la problématique des sans-abris est particulièrement prise au sérieux. En 2021, quatorze “tiny houses” (maisons sur roulettes) et caravanes ont été installées dans le quartier de Sainte-Radegonde, en bord de Loire. En raison d’un risque d’inondations, ces installations seront déplacées en janvier sur un terrain de la SNCF, dans le quartier Velpeau. Depuis un an, ce dispositif, appelé “La Maison”, accueille une quinzaine de sans-abris de façon pérenne, dans l’objectif de les aider à se réinsérer.

 Pour Chris, la rue est un choix de vie. “Je vais là où la route me mène”, confie ce baroudeur originaire du Pays-Basque. Même si elle est choisie, la vie dans la rue n’est pas toujours chose facile.

Chris se considère comme un « traveler ». Photo Elise Bellot

« La misère dérange quand elle se voit »

par Chris

Par Sarah David, Léo Josselin, Elise Bellot

Illustration Sarah David

Ce travail est le fruit d’un partenariat entre le projet Go On ! porté par la mission locale de Tours et des étudiants de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT), qui pilotent le site d’information participatif Détours.

Le projet Go On ! a pour but de repérer les publics dits « invisibles » et de mener des actions de mobilisation. Pendant quatre jours, six étudiants ont accompagné trois jeunes dans la réalisation d’une production éditoriale sur le sujet et le support de leur choix. À la fin de l’atelier, un article écrit et une vidéo ont été diffusés.

Go On ! est financé par la Direccte Centre, dans le cadre du Plan d’Investissement Compétences (PIC). L’EPJT est membre du consortium qui porte le projet.